Identité sur catalogue

Elle entre. Elle est éblouissante. Avec cette personne, j’accepte de parler de son apparence et pourtant on se voit pour parler des questions importantes…

Mais le vêtement ne l’est-il pas ? Ne compose-t-il pas l’identité de cette femme, qui est assise en face de moi ? Lorsque l’on discute des tissus qui l’emmaillottent, elle m’invite à découvrir son espace intérieur, et ma curiosité éveillée par son vêtement révèle mon intérêt pour la personne qu’elle est vraiment.

Sa tenue, toujours soigneusement complétée, provient de son besoin de montrer quel genre de personne elle est. C’est la seule façon qu’elle connaisse d’affronter la vision rigide de ses parents, incapables de permettre à leur fille d’être ce qu’elle est. Des parents qui avaient commandé leur enfant sur catalogue.

Dans sa vie adulte, une multinationale a remplacé les parents. Au travail, la nécessité de mettre des vêtements qui la rassureraient était donc de plus en plus profonde. En ignorant les tailleurs, portés par les femmes qui exercent sa profession, elle devenait une insurgée, elle luttait contre la tyrannie.

Le vêtement reflétait ses identités, désirs et valeurs. C’était sa façon de dire ce qu’elle pensait sans ouvrir la bouche. Car dire ouvertement, en son propre nom, est pour de telles femmes trop dangereux.