Adaptateur

Une fille mince, châtaine, dépensant son argent de manière irréfléchie. Personne n’était capable de parler de la couleur bleue claire, des robes, du goût du monde ou de son manque comme elle. Elle, désobéissante à la culture, se permettait de se faire plaisir. Elle était habituée à apprécier l’arbitraire, elle allait vers les passions plutôt que vers la bonté, elle préférait la lutte à la stabilité. Attendre qu’elle s’occupe de quelqu’un d’autre, c’était comme vouloir qu’un chat offre quelque chose de plus que des grognements. Il serait mieux de ne pas vérifier quel type de mère elle serait. Malheureusement.

Elles souffraient les deux. Avec ce regard d’accusation. « Quoi encore ? ». Et ensuite, le même schéma : un sentiment d’injustice, une colère, un sentiment de culpabilité. L’enfant faisait peur par cet abîme plein de désirs, par l’intensité de l’ALIEN. Elle cherchait quelque chose qui la détournerait du réalisme, qui lui permettrait de survivre aux yeux affamés et au mot « maman ». Un adaptateur. Quelque chose devait les protéger, se placer entre elles.

Il y a des objets qui symbolisent le pouvoir, dont la possession nous place dans la position du souverain. Il y a des objets qui peuvent placer cette fille effrayante dans la position d’une personne reconnaissable. Des chaussures, des jupes, des robes. Elle caressait les vêtements du regard, morose quand sa fille n’avait pas l’air qui correspondait à sa vision. Déguiser son enfant à sa guise lui permettait d’accepter le fait qu’elle l’avait. C’est un accord forcé

.Les vêtements sont devenus pour la fille des objets dotés d’incroyables pouvoirs, une preuve palpable de la présence de sa mère. Elles étaient comme le sourire du chat de « Alice aux pays des merveilles ». Elles incarnaient l’amour et étaient sensibles à l’autonomisation magique, la relation pouvait durer, même sans la personne.