L’embrassement

L’orgueil lui était inconnu désormais. Elle soignait son corps pour ne pas paraître aussi minable qu’elle se sentait mais elle le faisait sans conviction. Elle avait déjà fait les choix les plus importants. On ne peut pas refaire ce qui a déjà été fait. Il faut l’accepter. Elle n’attachait pas beaucoup d’importance au voyage qui l’attendait. Partir, rentrer, reprendre sa vie à l’endroit où elle l’avait laissée. Avec un homme qui ne savait pas bien apercevoir l’autre.  Elle était peut-être attirée par ce qui l’anéantissait, elle avait peut-être beaucoup à cacher. C’est pourquoi elle l’avait choisi. 

Un rendez-vous soudain, un jeu de cartes dans la main d’un fou. Le mal ne l’avait pas contaminé. Son intérêt, sa douceur…il ne vaut pas la peine d’y réfléchir, il vaut mieux la lécher. Il met les mains sur tes épaules puis les enlève. Tu penses intensément. Tu attends le moment où il te touchera de nouveau et où tu pourras oublier de réfléchir. Tu ne comprends pas comment tu es arrivée à vivre sans lui, à ne pas l’attendre. Mais tu l’aimes bien et il te manquait toujours. C’est un état excluant la responsabilité. Le présent adimensionnel dans lequel tu danses éternellement. 

De temps en temps, elle s’attristait, prétendait être gaie, il le remarquait et disait : « pas comme ça, je n’aime pas ça. » Elle s’attristait parce qu’il n’apprendrait jamais pourquoi elle était là, ne connaitrait jamais la vraie raison : elle était là pour chasser le diable. Il la tenait, elle pouvait s’accrocher à lui. Pendant un instant, elle avait une famille qui ne l’avait jamais quittée. Puis, tout s’est passé très vite, voire trop vite pour prendre une décision, pour être prise de panique, pour échapper. Il s’est enregistré dans son téléphone „Maxi le plus beau”. Il existera dans sa tête sans savoir qui il y est. Son attirance pour les choses tragiques est passée. Ou en fait, peut-être pas.